Robert Half y voit une occasion pour les employeurs de se démarquer
Un e-mail le dimanche soir, un message de votre patron pendant vos congés ou un coup de fil juste après les heures de bureau… Pour de nombreux travailleurs, cela reste une réalité au quotidien. Pourtant, depuis le 1er avril 2023, le droit à la déconnexion est une obligation légale pour les entreprises de plus de vingt collaborateurs. À l’approche de plusieurs longs week-ends et des vacances d’été, le moment est tout indiqué pour se pencher à nouveau sur l’équilibre entre travail et vie privée.
Selon une étude*, plus de la moitié des employés francophones (52 %) continuent de recevoir des messages en lien avec le travail en dehors des heures de bureau, alors qu’ils sont 81 % à estimer que le droit à la déconnexion est important. Les collaborateurs restent principalement joignables par téléphone (59 %), via messages (51 %) et par e-mail (44 %), même quand rien ne les y oblige.
« Le problème vient du fait que les gens se sentent souvent obligés de rester joignables », explique Joël Poilvache, Regional Managing Director chez le spécialiste du recrutement Robert Half. « Cette disponibilité permanente est encore trop souvent considérée comme normale, alors qu’elle est précisément une source de stress et d’épuisement. Très peu d’entreprises ont mis en place une politique concrète en matière de déconnexion. C’est pourtant une excellente occasion de se démarquer et de se positionner en tant qu’employeur attractif. »
Une politique de droit à la déconnexion ? Bénéfique pour les employeurs !
Dans la pratique, Robert Half constate qu’un nombre grandissant de candidats se renseignent sur la politique de bien-être de leur employeur potentiel lors des entretiens d’embauche. Ils posent des questions sur les lignes directrices relatives au télétravail, à la planification des congés, à la flexibilité des horaires, mais aussi à la déconnexion. Des engagements mutuels clairs quant à la disponibilité, en particulier pendant les périodes de congé, pèsent de plus en plus lourd dans la balance quand il s’agit d’envisager d’accepter un nouvel emploi.
Les employeurs qui vont dans ce sens marquent des points. Inutile d’élaborer un parcours RH complexe ; il s’agit plutôt de se mettre clairement d’accord et de montrer le bon exemple.
Joël Poilvache : « Les cadres jouent un rôle clé à cet égard, car ils déterminent souvent implicitement ce qui est considéré comme “normal”, par exemple un bref message ou un e-mail le dimanche soir. La frontière entre les sphères professionnelles et privées s’est considérablement estompée. Une entreprise dépourvue de règles laisse la définition de cette norme à l’improvisation. Les exceptions sont toujours possibles, évidemment, mais elles doivent rester limitées. Si vous respectez le droit à la déconnexion, vous contribuez à instaurer une culture de travail saine et vous évitez de voir revenir le stress et le burn-out comme un boomerang après l’été. Vos collaborateurs ont droit à un vrai repos. »
Comment mettre la déconnexion en pratique ?
Robert Half propose quelques conseils pratiques pour une déconnexion efficace.
Pour les employeurs :
- Élaborez une politique de déconnexion qui précise quand une personne peut ou ne peut pas être contactée, et qui doit être joignable en cas d’urgence. Intégrez cette politique dans le règlement de travail et faites-en clairement part à l’équipe.
- Définissez la notion d’« urgence » et limitez les exceptions au strict minimum.
- Utilisez des notifications automatiques telles que les messages d’absence du bureau en précisant clairement la date de retour et les coordonnées de la personne à contacter en cas d’urgence.
- Établissez un roulement quand vous désignez les personnes qui doivent rester joignables en cas d’absence.
- Planifiez soigneusement les délais en évitant de programmer des livraisons importantes juste après un long week-end ou des congés. Prévoyez une marge avant et après les jours fériés pour faciliter la transition.
- Donnez l’exemple : n’envoyez pas d’e-mails après les heures de travail si ce n’est pas nécessaire ou programmez l’envoi de vos courriels de manière à ce qu’ils ne soient envoyés que le lendemain matin.
Pour les collaborateurs :
- Communiquez vos absences à temps : indiquez quand vous serez absent et précisez le suivi à effectuer.
- Mettez la technologie à profit : désactivez les notifications des apps professionnelles (Teams, Outlook, Slack, etc.) et envisagez de supprimer temporairement votre messagerie professionnelle de votre smartphone.
- Paramétrez un message d’absence du bureau qui précise vos disponibilités et les personnes à contacter en cas d’urgence.
- Bouclez vos tâches avant votre départ et préparez soigneusement les passages de relais.
* Enquête en ligne (2024) réalisée par iVOX pour le compte de Protime auprès de 1 000 employés francophones, représentatifs en termes de sexe, d’âge et de diplôme.